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Histoire Tekno Retour en Force
de la house &
avènement de la French Touch
La deuxième vague House de
Chicago et de New York a été le démarrage d’un nouvel élan de la
production électronique mondiale, un retour aux sources du
minimalisme, de l’hédonisme et d’un discours adapté aux 15/25 ans
d’alors.
Felix Da Housecat, Cajmere, Gemini, DJ Rush, Paul
Johnson, Armand van Helden, Masters at Work, Danny Tennaglia, Junior
Vasquez sont intervenus à un moment où le garage commençait à
tourner en rond et ont répondu chacun à leur façon à une envie de
pousser les limites du « track » (la piste) et du format
musical populaire. « Flash » de Cajmere est porteur d’un
discours licencieux, critique envers les parents, mais porte en soit
le germe d’une house corrosive autant dans les paroles que dans les
sons. Paul Johnson ainsi que DJ Rush et tous les artistes des labels
Radikal Fear, Relief, Cajual ont poussé à bout les tracks à moitié
pervers (allant ainsi aux limites d’un Ghetto Trax qui dessine les
contours d’une Booty Bass maintenant populaire) et post techno tout
en restant house. A New York, van Helden introduit une allure b boy
(méchant garçon qui pose pour la galerie) et des sons proches du
metal dans une house aux rythmes breakbeat et sifflements néo
industriels. Armand obtient le gros lot avec Professional Widow,
remix pour Tori Amos, qui reprend la structure du génial single
Witch Doktor paru en 1994 sur le séminal label new yorkais Strictly
Rhythm (développé par Mark Finkelstein et Gladys Pizzaro).
Au
milieu de ce tourbillon de singles entre house et pop, car tout cela
n’est que de la pop culture, les artistes Français n’arrivaient
guère à se faire connaître chez eux, vu le conservatisme Français.
Certains artistes ont été des pionniers, comme Patrick Vidal et
Christophe Monier avec Discotique et leur single Sexe paru sur Rave
Age Records en 1990, ou comme Erik Rug, Dimitri From Paris. Laurent
Garnier, ex marmiton de l’ambassade de France à Londres et DJ au
très mythique club Hacienda à Manchester, a développé avec Eric
Morand, ancien RP de chez Barclay, le label Fnac Dance Division
devenu F Com. F Com a développé un des meilleurs répertoires
électroniques en France et en Europe.
Les deux rejetons Daft
Punk, basés dans le quartier de Montmartre de Paris, raflent la mise
avec l’album Homeworks. Le single, The New Wave, paru sur le label
Italien UMM et le label Ecossais Soma, les fait connaître auprès des
initiés mais c’est surtout Da Funk qui les positionne comme des
artistes remarquables. L’album Homeworks est exemplaire
d’efficacité, alors que la house s’adapte mal au format album.
Thomas Bangalter et Guy-Manuel de Homen-Christo réussirent à
synthétiser la house de Chicago avec une énergie rock dans un format
pop que les djs, les radios, les clips (remarquable politique de
commande par ailleurs) ont popularisé auprès de 5 millions
d’acheteurs.
Au même moment, la presse Anglaise nomma la
French Touch les productions de quelques artistes Français engagés
dans la house comme Motorbass (Philippe Zdar & Etienne de
Crécy), Air (même si leur musique tient plus d’un space rock
psychélique que de l’électronique), voire The Micronauts, I:Cube,
Chateau Flight, puis Modjo, Supermen Lovers… La production
électronique française est d’abord de la house, des chansons pop
efficaces utilisant le filtre et les samples disco. Mais n’est ce
pas le résultat d’un héritage disco hexagonal que le père de l’un
des deux Daft Punk, Daniel Vanguard, ex producteur d’Ottawan
(« T’es in, T’es bat »), ne renierait sûrement pas.
Cette French Touch, prisme déformant de la réalité de la
créativité musicale en France, intervient au même moment que la
première Techno Parade, grande manifestation non commerciale
produite par l’association Technopol, et la reconnaissance
culturelle par le gouvernement de Lionel Jospin de la techno (cf.
décret de 1998). Les artistes phares de la scène techno, Laurent
Garnier, Jeff Mills, Richie Hawtin, Manu le Malin, accompagnent ce
phénomène, mais ne passeront pas le cap d’une plus grande
popularité.
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